Quadrille Sèvre et Maine
Association pour la promotion de la culture et de la danse
bretonne à Vertou
Résultats des recherches
effectuées par Claudine Jaguenet, assistée de Florent
Jaguenet et Anne-Lucie Caous, sur le costume du dimanche porté par les femmes de
Vertou aux environs de 1900
1. Recherches effectuées durant l’année 2005-2006
En septembre
2005, nous avons décidé d’effectuer des recherches sur le costume traditionnel
porté à Vertou entre la fin du XIXème
siècle et le début du XXème siècle dans le
but de connaître le costume de l’époque dont nous pratiquons les danses, d’en
confectionner pour porter, lors de nos prestations et spectacles, un costume
plus authentique que celui que nous portons actuellement.
Pour cela,
nous avons contacté le musée du Pallet qui a accepté
de nous prêter un châle et une devantière (tablier) authentiques portés dans le
Sud Loire. Nous avons été mis en rapport avec Mme Ménard du Pallet
qui avait réalisé quelques années auparavant une exposition au musée sur ce
sujet. Elle nous a prêté des caracos, des devantières et des châles. Nous avons
également contacté Mr Crémet du Cercle Celtique Olivier de Clisson ainsi que
Mme Périgaud de Tréteau et Terroir (cercle celtique
de Nantes) qui nous ont apporté de nombreux renseignements.
Une visite
au musée du Pays de Retz à Bourgneuf en Retz en
compagnie d’une de ses membres bénévoles s’occupant particulièrement des
costumes, Thérèse Herfray, nous a permis de découvrir
de nouveaux costumes.
Enfin, nous
avons chiné quelques pièces de costumes dans les brocantes et vide greniers.
Toutes ces
recherches, ces rencontres et ces visites nous ont permis de véritablement
prendre conscience de la richesse et de la beauté du costume traditionnel de
notre terroir, le Vignoble Nantais.
2. Descriptif du costume
2.1. Le costume féminin
Au fil de
nos recherches, nous avons découvert qu’il existait une base commune aux
costumes de cette époque pour le département avec cependant des détails
différents suivants l’endroit où l’on habitait.
Ainsi, le
costume était, dans tout le Pays Nantais, composé d’un caraco, d’une jupe, d’un
châle, d’un tablier et bien sûr d’une coiffe que nous possédons déjà.
Différents
variantes de costumes étaient, bien sûr, portées à l’époque à Vertou selon le métier et la position sociale de la
femme. De plus, chaque femme avait ses particularités et ses goûts propres.
Nous avons donc choisi de retenir un modèle particulier pour chaque pièce du
costume dont voici les caractéristiques :
Ø
Le
caraco :
Chemisier très ajusté,
baleiné, possédant des manches gigots, une basque et une fermeture à
l’ancienne, c’est-à-dire une première fermeture sur la doublure et un rabat.
→D’après
le caraco d’une mariée de Gorges de la fin du XIXème
siècle.
Ø
La
guimpe :
Pièce de tissu placée sous
le caraco et faisant ressortir, à la base du cou, un ruché ou une valencienne
(dentelle).
Ø
La
jupe :
Une jupe de drap de laine de
4 m d’envergure possédant des plis plats devant et un godron (petits plis) sur
l’arrière, modèle de jupe que l’on retrouve, à cette époque, dans tout le Pays
Nantais.
Ø Le châle :
Pièce
triangulaire de tissu (soie brochée) de couleur pain brûlé, bordé d’une
dentelle noire et de perles de jais. Il s’ajuste, selon la mode du terroir et
de l’époque : 4 plis dans le dos retenus par une épingles à tête nacrée.
Ø
La
devantière :
Tablier de taffetas de
couleur, baleiné, passepoilé (petit liseré de tissu bordant la bavette du
tablier) et bordé de dentelle noire. Les extrémités sont arrondies.
Ø
Le gourgandin :
Petit boudin de tissus que
l’on place sous la jupe, petit faux-cul.
Jeunes filles de Basse Goulaine – début du XXème siècle
2.2. Le costume masculin
Le costume
masculin bourgeois de la fin du XIXème,
début XXème est un costume classique : chemise à
plastron, gilets, faux-cols, nœud papillons et pantalon noir.
D’après des
pièces de costumes authentiques, nous avons réalisé l’année dernière, à nos
frais, les gilets, chemises à plastron , faux-cols et noeuds papillons. Afin de
compléter cette tenue et en accord avec notre projet de costume féminin, nous
souhaiterions confectionner de véritables pantalons à l’ancienne.
Prototype de costume
masculin
3. Aboutissement des recherches
Afin de concrétiser ces recherches, nous avons demandé à l’une
de nos membres, couturière de métier, de réaliser un prototype du costume
féminin :
Nous avons
présenté ce costume à Michel Guillerme, spécialiste à
Kendalc’h, notre fédération, du costume breton et
particulièrement de celui du Pays Nantais,
qui a avalisé notre prototype.
I.
Le caraco
1. Forme générale
Le caraco est baleiné et près du corps. Il est entièrement doublé. Il comporte une basque qui peut être glissée sous la jupe ou être apparente.
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Fig1.
Système de baleinage du caraco |
Fig.2 :
Détails des plis à l’intérieur d’un caraco non baleiné. |
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Fig.
3 : Intérieur d’un caraco baleiné |
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Fig.4 :
Détail de la coupe du caraco à la taille vu de l’extérieur |
Fig.5 :
Détail de la coupe du caraco à la taille vu de l’intérieur |
2. Devant du caraco et système de
fermeture
Il existe plusieurs systèmes de fermeture :
- une fermeture au milieu du corps (cf. fig. 9)
- un système de rabats plus ou moins nombreux. (cf. fig.6, 7). Sur le modèle de la figure 6, on observe 3 rabats successifs. Les premiers sont fermés à l’aide de crochets alors que le dernier se fixe grâce à des pressions.
- Une fermeture médiane recouverte dans le haut d’une dentelle changeable suivant l’occasion.(cf. fig. 8)
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Fig.6-a
: Caraco sans rabat |
Fig.6-b.
Premier rabat |
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Fig.6-c.Deuxième
rabat |
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Fig.
7-a : Caraco à fermeture plus simple sans non rabat |
Fig.
7-b : avec le rabat |
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Fig.8 :
Caraco possédant sans doute une dentelle changeable sur le devant. On
remarquera la poche à gousset. Origine : (3) |
Fig.
9 : Système de fermeture central. |
3. Détails du dos
Le dos peut comporter différentes coutures :
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Fig.
10 : Détail du dos du caraco. On observe les coutures placées à
l’emplacement des baleines. (3) |
Fig.
11 : Détail du dos d’un caraco non baleiné. |
4. Manches
Les manches sont des manches gigots (cf. fig. 12). Elles comportent un pli d’aisance au niveau du coude (cf. fig. 13, 14).
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Fig.
12 : Haut de manche gigot (3) |
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Fig.
13 : Manches gigots (3) |
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Fig.
14 : forme de la manche d’un costume du Pays de Retz (1) |
5. Eléments de décoration
Différents éléments de décoration peuvent ornés la caraco :
- On peut observer des petits plis tant sur le devant que sur l’arrière du caraco (cf fig.)
- Des broderies sur le devant ou sur l’arrière du caraco (cf. fig.)
- Des perles de jais
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Fig.
15-a : Broderies sur le col arrière |
Fig.15-b :
Broderies sur le devant du caraco |
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Fig.
16 : Petits plis dans le dos de caracos |
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Fig.
17 : Perles de jais sur l’encolure du caraco |
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Fig.
18 : Perles de jais sur le col du caraco |
II.
La jupe
1. Généralités
D’après un modèle de jupe du musée de Bourgneuf (1)
Il comporte des plis plats sur le devant de la jupe (cf. fig. 19) et des plis madame sur l’arrière (cf. fig. 20)
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Fig.
19 : Avant de la jupe |
Fig.
20 : Arrière de la jupe |
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Fig.
21 : Détail des plis madame |
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Fig.
22 : Détail de la couture intérieur des plis madame |
Fig.
23 : Comment faire un pli madame |
2. Système d’attache
Les jupes se fermaient par un système de crochets des deus côtés de la jupe :
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III.
Le tablier
1. Généralités
Le tablier est composé d’une bavette et d’une partie basse. La bavette est très ajustée. Elle est renforcée par un système de pinces et de baleines. A l’époque considérée, le tablier est porté assez court. Au Loroux-Bottereaux, à la Haye-Fouassière et plus généralement dans le Sud Loire, les coins de la partie basse sont arrondis.
La partie basse comporte des plis madame.
Il est entièrement passepoilé, c’est-à-dire que la bordure du tablier est réalisée avec le même tissu.
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Fig.
24 : |
Fig.
25 |
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Fig.
26 : |
Fig.
27 : |
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Fig.
28 : Passepoil entre la bavette et le bas du tablier |
Fig.
29 : |
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Fig.
30 : Détails de la bavette et du bas du tablier de la figure |
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Fig.
31 : détail de le bavette |
Fig.
32 : Intérieur de la bavette du tablier (sans baleine) |
2. Tissus
Le tablier peut être confectionné dans de la moire, du piqué, de la soie crochée du taffetas.
Les principales couleurs sont le noir, les bleus foncés, le bordeaux et le violet. Ce sont essentiellement des couleurs foncées, les couleurs claires étant réservées aux jeunes filles de 13-14 ans. Il existe également des tissus à motifs à fleurs ou encore du cachemire.
3. Système d’attache du tablier
Il existe deux systèmes d’attaches différents :
- Deux bandeaux de tissus garnis de crochets qui s’attachent dans le dos (cf. fig. 34)
- une bande de tissus qui s’attache à l’aide de crochets sur la ceinture du tablier. (cf. fig.33)
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Fig. 33 :
Système d’attache d’une bande de tissus sur le tablier grâce à des crochets |
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Fig.
34 : Système d’attache du tablier au milieu du dos. |
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Fig.
35 : exemple d’attache du tablier au milieu du dos |
4. Eléments décoratifs
Le bord du tablier est souvent garni d’une dentelle (cf. fig.26, 31)
IV.
Le châle
1. Généralités
Le châle est une pièce de tissu dont la pointe du châle ne doit pas descendre plus bas que la taille de la femme (2).(cf. fig). Il peut être bordé d’une dentelle qui doit descendre dans le creux du coude de la femme.
A titre indicatif, nous avons mesuré le châle de la figure 37 :
2. Tissus
Le châle peut être confectionné en soie brochée ou naturelle, en cachemire, en velours frappé, en laine, en ottoman ou encore en moire. La bordure peut être en dentelle du Puy, en frange pour les plus anciens. On trouve également des perles de jais.
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Fig.
36 |
Fig.
37 |
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Fig.38 |
Fig.
39 |
3. Pose du châle
On effectue trois grands plis qui sont maintenus grâce à des épingles (cf. fig.). Les trois plis doivent être rabattus sur l’épaule.
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Fig.
40 : Formation des 3 plis sur un tablier en velours frappé (3) |
Fig.
41 : Positions des 2 épingles qui maintiennent les plis. |
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Fig.
42 : Les trois plis sont rabattus sur l’épaule |
4. Les bordures
Ce sont principalement des dentelles du Puy. On peut avoir également des perles de jais. Les châles à franges ou effilés sont antérieurs à cette époque.
On observe que la dentelle n’est pas présente sur toute la bordure du châle mais seulement sur la partie visible, les pointes étant cachées par la bavette du tablier.
V.
La coiffe
VI. Divers
1. Le gourgandin
Références
(1) Mme Thérèse Herffret – Musée de Bourneuf
(2) Mr Crémet
(3) Musée du Pallet
(4) Tréteau et Terroir